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Depuis, l'environnement dicte à Kinder. Une première approche de son travail pourrait laisser penser que son oeuvre est proche de l'ethnologie (logique pour un sociologue de formation). "Pas du tout, je construis des choses qui m'échappent" toujours sur le thème qui l'obsède, la peur primale, celle de l'abandon. Dans la forêt, Kinder navigue dans le corps de mère nature. Il est réadopté, plongé dans la matrice.

Si Kinder ne sait pas ce qu'il dit exactement avec son travail plastique "et à la fois peu importe du moment que l'échange émotionnel peut fonctionner d'une façon ou d'une autre" ses installations accèdent directement , et avec puissance, à l'émotion chez l'autre.

Aujourd'hui l'environnement de Kinder est celui de la friche industrielle de l'usine Dreux, autour duquel il travaille, mais attention "il ne s'agit pas d'une interprétation du lieu".

Vous n'avez rien compris ? Tant mieux, le travail de Kinder ne se dit pas, il se ressent.

Osez vous y plonger.
François Kinder a tout plaqué pour ne vivre que "pour ce qui compte", son art, auquel il a sacrifié ses oripeaux d'homme social pour aller aux profondeurs de l'émotion chez le spectateur.

François Kinder a 53 ans . Il y a dix ans, cet homme, tour à tour enseignant, directeur - fondateur d'une entreprise de communication et peintre, a rompu avec son assise sociale pour se tourner, entièrement, radicalement, vers les arts plastiques. Il vit aujourd'hui dans une caravane sur la Friche Dreux à La Perrière (Orne).

On sent la culture, l'intelligence, la finesse sourdre sous tous les propos de Kinder dont l'abord est plutôt rustique, tendance taiseux. Pourtant l'homme et son travail sont à l'antithèse de l'art conceptuel. Il n'y a pas de mots dans l'art de Kinder, pas plus que son travail ne nécessite de passage au langage pour se comprendre: tout est dans l'émotion,dans le ressenti.

En butte à ses propres peurs, les vraies, les profondes, François kinder a un jour pris la décision de les affronter: peur de ne plus avoir d'argent, peur de n'être plus rien, peur de trouver trop vite ses propres limites.
Il s'est placé dans une situation de dénuement total (au sens strict du terme, c'est à dire plus de toit, plus d'argent, plus de place sociale) et s'est colleté physiquement à l'équation suivante: "Qu'est-ce que l'on peut continuer à faire quand on n'a plus rien?".

C'est la forêt, lieu des peurs enfantines s'il en est, qui lui a donné les clefs de sa renaissance. Tous les jours, il allait s'y promener, se laissant orter par la nature "sa puissance, avec laquelle personne ne peut rivaliser car elle est la perfection absolue" et le lieu de peur s'est mué en lieu de sécurité.

Il a commencé à y construire "des installations sur site" comme il ne dit pas. A ce moment précis, les bases mêmes de son travail de peintre ont été dynamitées : "Je n'avais plus aucun projet, c'est-à- dire que je ne savais pas à l'avance ce que j'allais faire. Picasso disait qu'il ne cherchait pas, qu'il trouvait, moi, je ne trouve pas, je cherche.

"J'ai accepté de me perdre sur ces chemins, de ressentir la perte, réelle et symbolique et d'agir avec le milieu, d'exister en écoutant, en regardant, en transformant."

"Pays du perche" numéro 5(Juin 2006)
Nathalie Fey

F. Kinder

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